mardi, août 15, 2006

Mulesing… gore !!!

Attention billet très long ! Fainéants : passez votre chemin !

Etant donné que je travaille dans un centre de recherche sur le bien-être animal je me dois de vous faire partager un peu ce qu’ils entendent par « bien-être » en Australie. Je ne vous parlerai pas de mes poulettes pour le coup (pour ceux qui souhaitaient avoir quelques nouvelles, elles vont être euthanasiées sous peu et autopsiées, snif, je voulais en sauver quelques unes mais elles sont si mal en point que ça ne vaut même pas le coup ! Plus une plume au croupion !).
Comme je l’ai mis en titre, je vais aborder un sujet pour le moins polémique (non pas le Liban, la canicule ou le 50 ème candidat à la candidature) : le mulesing ! Kesako ? Et bien c’est très simple…
Enfin accrochez vous ! Âmes sensibles s’abstenir !

Accord parental indispensable
Un cruel diptère (une mouche quoi !) pond des œufs dans les replis de la peau située près de la queue des gentils petits agneaux (niveau d’objectivité = 0), et quand ces œufs éclosent, les petits asticots se font un gueuleton de gigot d’agneau -au mois ils sont sûr que la date de péremption n’est pas dépassée car l’agneau bêle encore- ce qui fait (j’imagine fort bien, vous aussi je pense) souffrir le petit Merinos (la race utilisée en Australie, race avec plein de plis…). Beaucoup finissent même par en mourir… Mort pour le moins (autant qu’une mort puisse l’être) peu enviable.

Un fermier Australien (cruel ? en tout cas plein de ressources…) du nom de Mules eut alors une brillante idée : « Bah vu qu’eul bestiole elle pond là dans ch’bout qu’est tout plié quoi, bah moi euch’coupe tout c’qui depasse pis c’est bin! »
(Bien sûr je me suis permis une petite adaptation pour vous faire transparaître toute l’intelligence de l’être pensant au delà du vocabulaire et de la syntaxe simples utilisés, dans lesquels certains reconnaîtront un langage patoisant universel, d’autres celui plus spécifique d’une région pour le moins chaleureuse). On nomma cette technique audacieuse : le mulesing (ceux qui ont trouve la raison de ce nom subtil et recherché gagne une fraise tagada, par tête).

Lucilia cuprina, de son p’tit nom, ne trouve plus le(s) pli(s) qu’elle convoite tant et du coup bah …elle va voir ailleurs ! Bye la mouche !

Revenons donc à nos moutons. (béééééé qu’il est marrant !)

Le petit agneau, libéré, peut enfin cabrioler gaiement dans la prairie… enfin il reste quelques questions… et non les moindres :
Qu’est-ce qu’on enlève exactement ?(voix interrogative) Et bien la peau plissée autour de la région genito-anale. (faut suivre !)
Comment ? (intriguée) En coupant avec une pince.
Mais…. il saigne ? (indignée) Abondamment.
Mais il est endormi au moins ?(degoutée) En Australie il y a des troupeaux comprenant des milliers de têtes tu te vois endormir 20 000 agneaux ? nan ? donc à vif. Et rapidement si possible. On va pas y passer l’année. Un petit désinfectant final, point barre.

Personnellement j’ai assiste à ce sanglant spectacle et je dois dire que c’est dur de ne pas avoir de compassion pour cette peluche bêlante. Même si l’on se rassure en disant que « c’est pour son bien ! ». Les agneaux sont placés dans une espèce de tourniquet géant (genre le truc à carte postales qu’on s’éclate à faire tourner quand quelqu’un est en train de trouver LA carte postale de ses rêves, hop un petit tour !). Ils sont mis en position fœtale sur le dos pour que la partie genito-anale soit la plus accessible possible pour le boucher…heu le technicien (‘scuzez !). Et sanglés serrés pour qu’ils ne puissent pas bouger pendant l’opération. Ce qui pourrait être dramatique. (Une queue de mouton ça porte même pas bonheur en plus !).
Et là il faut enchaîner. Couic couic couic, un petit tour de tourniquet et au suivant ! couic couic couic, méééééé, y a pas de mais ! (J’étais obligé de la faire, mea culpa) couic couic couic et ainsi de suite…

L’histoire ne s’arrête pas là … ouf !
Bien que le mulesing est encore la norme en Australie on a trouvé des alternatives. (« on » c’est pas moi, ni Mules, mais d’autres). Ça n’est qu’un début mais c’est sur la bonne voix. Cela va de l’espèce de pince-à-linge géante que l’on clipse sur ces mêmes parties qui finissent par tomber, complètement nécrosées. Bon appétit !
(bon perso je trouve que l’agneau à l’air de souffrir plus encore car il semble avoir du mal à marcher, les études sont en cours, en fait c’est surtout plus supportable pour nous, car on ne voit pas de sang). Ou différents produits qu’on injecte et qui produisent le même effet. Re-bon appétit.

C’est donc ces alternatives qui sont testées dans mon centre de recherche. Comment évalue t-on le bien-être ? Ça c’est un problème ! béééééé oui ! (bon là je sais ça devient lourd. Sorry). On voudrait bien que ce petit ruminant nous remplisse un questionnaire et hop ! Mais comme ça n’est malheureusement pas possible et bien on mesure son taux de corticostérone (hormone du stress présente dans le sang). Et pour faciliter les prises de sang (attention c’est pas fini) on met une canule directement dans une veine du mouton sous la gorge (pas la jugulaire sinon ça ferait geyser), un tout petit tuyau flexible avec un petit bouchon bleu. (et je suis complice c’est moi qui ai coupé et mesuré ces canules). Et on leur passe par-dessus une écharpe pour pas que la canule se coince dans quelque chose ou disparaisse dans la paille. Et là, bah bonjour pour la retrouver !
(d’où l’expression « c’est comme chercher une canule dans une botte de paille »).
Et on les pompe gentiment (les moutons) toutes les heures le premier jour. Puis une fois par jour.

Dur d’être un animal de rente dans ce monde de fous !

L’expérience avançait assez bien. On allait enfin savoir si le mouton souffrait beaucoup ou énormément. Jusqu'à ce WE.
6 agneaux morts en deux jours (sur un total de 55 agneaux).
C’est moche un agneau crevé.
(et c’est chiant pour les statistiques qui vont suivre).
Suite à une autopsie on a pu déterminer la cause : une bactérie entérique (qui vit habituellement dans l’estomac et dans les alentours) qui a fini dans la gorge (des alentours assez éloignés dans ce cas…enfin pas tant que ca…question de point de vue) de ces bovidés. (Oui on ne le dit pas assez le mouton est aussi de cette belle famille dont on ne retient souvent que son plus illustre membre : Marguerite, la belle et tendre ! elle, en plus d’être bovidée, elle est bovinée…enfin je ne vais pas disserter plus longuement sur ces petits détails vicieux de taxonomistes). Vous l’avez compris une canule ça laisse des séquelles. Enfin ils sont morts pour la science (autrement dit : on pourra même pas les manger). Et l’expérience continue… Advienne que pourra… Priez pour eux.

Heureusement (pour nous, pas pour eux) cette mouche (car tout partait d’elle je vous le rappelle, cf : cinq pages plus haut, au moins) ne résisterait pas aux froides températures de nos rudes hivers européens. Alleluia.

Mais le climat change…

Méééééééé oui ! ;-)

Keywords (mot-clefs): oeuf = eggs ; mouche = fly ; queue = tail , asticot = maggot ; agneau = lamb ; sang = blood ; bien-être = welfare

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Non !!! Mais comment fais tu?? Les 6 agneaux avaient un pti prénom?

Simon a dit…

Oui bien sur c'est un minimum ! dans l'ordre de leur montee aux cieux : 241, 127, 148, 654, 489 et le prenom le plus joli : 472 !

Anonyme a dit…

Et pourquoi ils ne changent pas de race tout simplement, une race sans pli, la sélection génétique ça sert à quoi. Ah puis j'ai trouvé pour le nom de la technique ça vient du nom de son concepteur, enfin je pense ;)

Simon a dit…

Figure toi que je me suis pose aussi la question, des que Greg rentre de son voyage (il est actuellement en congres en UK) je lui demande ! ca me parait aussi bien plus simple !
Sinon tu viens de gagner une fraise tagada. Je note !

Anonyme a dit…

Oh zut, pffhhhh...pas assez rapide pour la fraise tagada !

Anonyme a dit…

halala simon s'enflamme: private joke sur private joke!!! Il se la joue sadique genre le silence des agneaux ou plutôt le mulesing des agneaux, mais en fait il est tout gentil ;)

Anonyme a dit…

J'ai pu assister au mulesing durant mon voyage... C'est vrai que c'est pas joli, joli mais je pense qu'en France on ne fait pas forcement mieux (par exemple avec les porcelets...)

Simon a dit…

ca pourrait faire un bon film ca le mulesing des agneaux ! en plus le sang de mouton c'est cheap ! ouais c'est sur qu'on fait pas mieux pr certains trucs... genre les combats de coq, les corridas... pour des australiens c'est impensable car ca n'a aucun interet alimentaire...

Anonyme a dit…

Coucou
je suis au CSIRO a armidale en ce moment, et je travaille sur le mulesing et leur "alternative"..
tu as travaille ou toi???